Le MoDem qui détrousse le PS de Nadine Peris. Le PS qui met la main sur la verte Marie Bouchez et une palanquée de communistes. Europe Ecologie qui fait un casse chez Cap21… Difficile de croire en la sincérité politique de cette valse des candidats.
Mardi 26 janvier, Nadine Peris, membre du Parti socialiste depuis onze ans, a annoncé qu’elle rejoignait les listes du MoDem-Paca de Catherine Levraud. Belle pioche pour la bande à Bayrou. Proche de Dominique Strauss-Kahn, cette social-démocrate a expliqué ce qui avait motivé son choix à moins de deux mois du scrutin.
« Fatiguée par les luttes intestines au PS »
Avouant être « fatiguée par les luttes intestines au sein du PS », elle s’est rapprochée de Catherine Levraud, elle-même transfuge des Verts et, avoue Nadine Peris, « personne pour qui j’ai beaucoup d’estime » : « Je partage avec elle nombre d’idées tant sur le plan de l’agriculture, de l’environnement, de l’économie ou de l’emploi ». Autant de points en communs qui valaient bien une deuxième place sur la liste du MoDem dans le Vaucluse.
Le transfert de Nadine Peris n’a évidemment rien de bien surprenant en cette période de campagne électorale. A Europe Ecologie, on reconnaît avoir accueilli plusieurs personnalités de Cap21, le mouvement de Corinne Lepage ainsi qu’Armelle Chevassu, à la FASE jusqu’à présent et qui avait été tête de liste de « Marseille contre-attaque à gauche » à l’occasion des élections municipales de 2008.
Michel Vauzelle, candidat PS et président sortant, a également réalisé quelques hold-ups remarqués. Dernier en date, celui de Marie Bouchez, membre des Verts, conseillère régionale déléguée au schéma régional d’aménagement durable du territoire.
« Nous partageons le même excellent bilan »
Marie Bouchez s’est elle aussi justifiée de ce revirement en expliquant notamment avoir « travaillé pendant six ans avec les élus Verts de la liste de Michel Vauzelle pour le bien de la Région »:
Je pense que la stratégie de mon Parti, « les Verts », est une erreur en Provence-Alpes-Côte d’Azur. Mon parti ne tient pas compte de la réalité de l’action de Michel Vauzelle, notamment en faveur de l’Environnement (…) Nous partageons le même excellent bilan.
J’ai donc décidé de ne pas participer à l’opération qui consiste à faire une liste séparée pour des raisons politiciennes. J’ai souhaité rester aux côtés de Michel Vauzelle pour représenter, avec d’autres, le courant écologiste sur sa liste de rassemblement, l’Alliance de l’Olivier ».
Marie Bouchez occupera la 12e place éligible sur la liste PS dans le Var. Une désertion qui a inspiré à Bernard Derbez, secrétaire départemental des Verts Hautes-Alpes, ce commentaire : « Quand on est à ce point en désaccord avec son parti, on démissionne ».
« Je continue à reverser mes indemnités au parti »
Le plus saugrenu dans l’affaire c’est que Marie Bouchez pourrait bien retrouver ses petits camarades des Verts au lendemain du premier tour si les listes PS-Europe Ecologie décident de fusionner. Sera-t-elle toujours éligible à ce moment-là ?
Spécialiste du recrutement, Michel Vauzelle a également réussi à convaincre plusieurs élus communistes qui siégeaient à la Région depuis 2004 de rester à ses côtés plutôt que d’aller s’enliser au Front de Gauche, où le PC a trouvé refuge.
Début janvier, c’est Joël Canapa, vice-président communiste à la région et élu influent dans le Var, qui avait confirmé son engagement sur les listes Vauzelle. Tout en gardant sa carte au PC:
Nous partageons l’essentiel de nos valeurs avec Michel Vauzelle. Autant continuer avec lui pour barrer la route à la droite en jouant l’union. »
Il assurait ne rien avoir négocié dans l’affaire et continuer à « reverser toutes (ses) indemnités au parti ». L’honneur est sauf !
« C’est le mercato régional »
Jean-Luc Bennhamias, vieux briscard du passement de jambes, ex-Verts reversé au MoDem, n’y voit là que du très classique: « C’est le mercato régional et on va retrouver sur les listes de chaque parti des gens issus d’autres formations ».
La multiplication des listes du centre à l’extrême-gauche et la frontière idéologique finalement ténue entre des partis qui partagent bien souvent le même bilan à la tête de la région favorisent évidemment ce jeu de chaises musicales. Certains candidats en profitent pour négocier leur notoriété ou leur réseau contre une place éligible, sans finalement trop se renier politiquement.
Et c’est l’électeur qui fera le tri…
Puisque je suis nommément citée dans ce billet, je me sens l’envie immédiate de répondre et pour cela de reprendre le titre : en ce qui me concerne je ne me sens ni transfuge ni traitre ni opportuniste à moins de faire rimer ces qualificatifs peu glorieux avec engagement, ambition collective et partagée et choix politiques sur des bases communes. Si je me retrouve aujourdhui sur les listes EE en région Paca, ce sont sur ces bases là : celle d’un engagement pour la transformation sociale et écologique, pour le dépassement du modèle libéral-productiviste qui cause tant de dégâts, à commencer et j’y tiens par des dégâts humains ! celle d’une ambition collective et partagée qui est de disputer au PS son hégémonie sur une gauche qu’il a fini par épuiser, laminer, affadir ( et j’en veux pour preuve les vrais transfuges ceux là qui se sont trouvés un maitre en la personne de Sarkozy ou qui comme Manuel Valls tiennent sur les immigrés des propos qui n’ont rien à voir avec les valeurs de gauche ! )et enfin sur celle d’un choix politique et stratégique. J’étais de ceux et celles qui pensaient qu’il y avait de la place en PACA pour une seule liste de la transformation sociale et écologique qui serait ( soyons réalistes exigeons l’imposssible ;-) allée des Verts et d’EE au NPA -.
Trois listes s’en réclameront, on peut le regretter mais on peut aussi penser à l’inverse : la diversité de la gauche est là, bien décidée à peser et à faire en sorte que l’équilibre politique de la région s’en trouve changé, dans l’intérêt général, pour continuer de faire émerger et renforcer la transformation sociale et écologique, pour faire échec à la terrible offensive libérale en matière économique et réactionnaire en termes de libertés publiques et d’atteintes à la démocratie, incarnée par l’actuel locataire de l’Elysée.
Pour ce qui est des « personnalités » de Cap 21 présents sur la liste EE en PACA, pourquoi ne pas plutôt voir les choses ainsi : c’est sur la base d’un projet commun que nous sommes là. Il y a donc adhésion à ce projet et donc d’inviter les lecteurs ici à examiner le projet .
A mon sens et je suis loin d’être la seule à penser ainsi à EE, l’écologie ne peut être que politique, elle ne peut trouver sa cohérence que dans le combat pour un autre modèle social de développement humain. Dans les mains de la droite, l’écologie se dissout dans le capitalisme et l’exploitation brutale de l’humain et de la planète.
A nous à gauche d’en faire un vrai projet de société, pour toutes et tous.
Ben moi je suis d’accord avec cet article. Connaissant un grand nombre de personnes citées, on peut effectivement se poser des questions sur la sincérité politique.
On a quand même l’impression que tout ce petit monde veut se caser pour être élu et certains font des sacrés grand écart.
On a beau essayer de se justifier avec de belles phrases le constat est quand même là ; et ça ne donne vraiment pas envie d’aller voter. Oui, on ira car le droit de vote est notre démocatrie, mais l’enveloppe risque d’être bien fine et légère.
Un grand oubli dans cette liste de transferts surprenants : Edgar Malausséna a quitté les verts en 2005 dans son conflit personnel avec J.L Bennhamias accusé de dérive droitière (et d’avoir empêché son leadership sur les verts régionaux).
Après un flirt poussé avec le Front de Gauche, de celui qui fut communiste avant d’être vert, le voici 3ème dans le 06 sur la liste du MEI de Patrice Miran. Lequel fut son ennemi intime chez les verts entre 1988-199 avant la fin du ni gauche ni droite et la scission du MEI.
Il emmène avec lui les CR ex-verts Gérard Azibi et Chantal Lamouroux.